Un meurtre, une femme qui a tout perdu !

Article : Un meurtre, une femme qui a tout perdu !
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16 juillet 2016

Un meurtre, une femme qui a tout perdu !

Histoire d’un meurtre sans remords, culpabilité ou regret…

« Mais tu fais quoi là ?! Qu’est-ce que tu veux ?! Je ne me rappelle pas avoir demandé à voir quelqu’un ! » me dit-elle les larmes aux yeux mais l’air beaucoup plus hautain que surpris !
Son beau visage, toujours épanoui, celui d’une femme expérimentée, indifférente, sûre d’elle même et qui semblait savoir ce qu’elle faisait, dévoilait tout ce qu’elle essayait en vain de cacher : une tristesse profonde, une amertume probablement causée par le poids des années et de leurs longues journées, un désespoir sinistre et une peur effrayante de ce qui l’attendait !
Ça y est : elle avait fait tomber le masque ! Et pourtant, ce mélange d’expressions contradictoires me bouleversait !
Dans cette chambre obscure, froide, qui sentait la moisissure, seul son visage semblait encore vivant ! La fatigue et l’éclairage blanchâtre du tube fluorescent (le deuxième clignotait!) ne parvenaient pas à dissimuler l’éclat de ses yeux !
Je ne savais que dire, par où commencer !
– « Mais pourquoi, Liana, pourquoi tout ça?! »
– « Quoi pourquoi ? Il m’emmerdait, c’est tout ! Et puis j’en avais marre !
Marre de mentir, marre de faire semblant, marre de jouer l’amante fidèle et soumise, marre d’être une autre !
Tu avais vraiment cru que je l’aimais, ce connard ?! Juste parce que je l’ai supporté pendant 42 mois ?! Allons donc mon ami, tu es censé être la seule personne qui me connaisse vraiment !
Un homme marié, un père de cinq, tout le temps pris par son travail et ses autres responsabilités. Un homme qui ne m’a rien donné : ni passion, ni affection, ni temps, ni enfants, ni stabilité, ni même sexe… ?!
Je suis restée pour l’argent, c’est tout ! Puis, quelques semaines avant l’accident, il m’a avouée qu’il s’était endetté à cause de MOI: qu’il avait dû demander un prêt, juste pour mes dépenses, qu’il payait la scolarité de ses enfants à crédit, que ses voitures étaient à crédit, et qu’il avait même récemment acheté une autre voiture -aussi à crédit- qu’il avait vendue cash en perdant 25% de son prix !!
Il m’a dit qu’il était ruiné à cause de moi, qu’il n’avait jamais eu tant de problèmes financiers depuis le début de sa carrière, en 1996 !
Il a aussi confessé que sa femme avait toujours su qu’il y en avait une autre dans sa vie, mais qu’elle n’en disait rien; chose que je lui ai répétée au moins une dizaine de fois, et qu’il niait toujours, assidûment, histoire de ne jamais me donner raison, bien sûr !!
Que veux-tu que je fasse d’un « drama king » qui ne peut plus même me donner la seule chose que je voulais de lui, la chose pour laquelle je l’ai dragué, ou plutôt « embauché », il y a trois ans et demi ?!
En plus, sa présence devenait de plus en plus insupportable, intolérable ; je n’arrivais même plus à le regarder : il me semblait vraiment un homme ruiné, misérable ! Il me donnait envie de vomir ! C’était pas le même: l’Homme différent, attirant, confiant, dont j’admirais la personnalité ! L’homme qui me rendait forte, me donnait un peu d’espoir, de sécurité, l’homme qui parlait beaucoup, me racontait ses petites aventures de chaque jour et me faisait rire ! C’était un autre ! Et cet autre me rappelait sans cesse mes erreurs ; il me culpabilisait sans rien dire ! J’en pouvais plus moi !
Pas la culpabilité, surtout pas ! Quel fardeau !!
Ses yeux me disaient : « tu crois que je n’ai pas payé le prix du choix que j’ai fait quand je t’ai aimée, quand j’ai décidé d’avoir une amante secrète ?! Tu crois que c’est seulement toi qui a payé, avec ton temps perdu, tes sacrifices, tes larmes, tes échecs…?! »
C’était trop lourd, tout ça… J’étouffais : il fallait m’en débarrasser !
Et puis, ce mec, je l’ai utilisé pour accélérer ma fin, cette fin qui avait commencé il y a 13 ans et qui ne se terminait jamais !!
C’est ici que je veux passer la fin de mes jours ! C’est ici que je veux rester !
Je suis en prison, je vais mourir très bientôt ; c’est la fin de ma fin…
Enfin ! Quel soulagement !
Tu sais ?! La seule question qui m’intrigue, c’est : pourquoi il est resté avec moi tout ce temps?! Pourquoi il a accepté de perdre tout son argent pour moi, une fille qu’il n’épouserait jamais ?! Une fille instable, une « ouf » (folle, selon lui mais il ne parlait pas français alors…!)
En tous cas, je me sens bien ! C’est drôle mais je me sens beaucoup moins coupable qu’avant ! En lui prenant la vie, j’ai payé mes dettes, j’ai tout rendu : maintenant, il se repose ; il ne sent plus rien et ne pense à rien !
En le tuant, je l’ai sauvé ; je l’ai libéré…!
Le regard qu’il m’a donnée quand il a senti le couteau s’enfoncer dans son ventre m’a attristée, je dois l’admettre ! Il ne s’attendait sûrement pas à ça ! J’avais peut-être été son bourreau pendant trois années, celle qui le torturait, le faisait souffrir, penser, s’inquiéter ! Oui, j’étais à la base de ses maux, ses soucis et ses infortunes ! J’étais la source de tous ses cauchemars !!
Mais il n’aurait jamais cru que je lui arrache la vie, que je le regarde tout froidement alors qu’il saignait, gémissait de douleur et rendait ses derniers souffles…!
Ce regard plein de surprise, de déception, d’incompréhension et aussi d’amour m’agaça tellement que j’ai continué à le poignarder jusqu’à ce que je m’assurai de sa mort!
Il fallait quand-même lui dire adieu: alors je l’ai embrassé tendrement, j’ai fermé les yeux et pris un long soupir: c’était son parfum que je voulais sentir, pas son odeur pourrie de mort!
Puis j’ai pris mon portable, tout en souriant, et j’ai appelé la police!
C’était comme ça qu’il fallait rompre! C’était ça la vraie rupture…!
Avant, je ne savais pas tout ça; je le sais à présent…!
Bon, je t’ai tout raconté! Maintenant, dégage! J’ai besoin de rester seule, de m’adapter à ce lieu, à cette nouvelle forme de solitude! J’ai besoin de penser, aussi…
J’ai peur, je dois l’avouer, pas de la mort non! La mort c’est ce dont j’ai de tout temps rêvé! La mort c’est la délivrance! J’ai peur d’avoir mal! Je ne peux plus souffrir, Julien! Tu crois qu’on me fera mal, que je sentirai tout??!

Je me suis alors levé, j’ai marché vers elle, l’ai serrée contre moi, lui dis que je l’aimais, qu’elle me manqueras, qu’elle n’était pas seule, …! Enfin, le genre d’absurdités qu’on crache quand on ne sait que dire…!
Elle a levé la tête et m’a adressé un regard profond, pénétrant, plein d’affection; celui d’une femme qui a tout perdu, et qui en était à la fois fière et ravie…!
Elle m’a essuyé les larmes avec le bout des doigts, m’a tapé sur l’épaule et a souri… Elle disait tout sans parler! Elle n’avait besoin de ne rien ajouter!
C’est à ce moment-là que la vérité m’a frappé telle une tempête: il fallait la laisser « partir »…
C’est ce qu’elle voulait… C’est ce qu’elle a toujours voulu…!
Je lui pris la main, la serrai aussi fort que je pouvais puis reculai, lentement, tout en la regardant…
C’était le dernier regard: je voulais qu’il dure un peu plus…!
Avec un sourire qui relevait d’une sérénité étonnante, elle a levé la main et me dit: « Bye Jij… See you on the other side! » . . .

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