2 février 2017

Ma petite sœur est morte… !

Je me suis de tout temps demandée à quoi bon servait une sœur ! Combien de fois ai-je signalé à ma mère que je n’en avais nul besoin, que j’aurais préféré rester seule et prendre toute l’attention, et qu’elle l’avait mise au monde pour elle non pas pour moi, pour sa propre satisfaction, pour apaiser son désir de mère et reposer sa conscience… ?!
Hélas, tous ces reproches n’avaient absolument aucun sens car elle était déjà née il y a longtemps…!

Six ans de moins que moi, ma sœur et moi n’avions rien en commun. RIEN!!
Nos opinions étaient toujours différentes, opposées même, nos mentalités étaient dissemblables, nos styles de vie éloignés et nos chemins ne se croisaient jamais !
Ce qui était pour moi noir, pour elle était tout blanc ! Les décisions que nous avions prises dès la fin de notre dix-huitième année nous ont séparées encore plus ! Avec toutes ces différences, et étant donné que j’ai quand-même souffert beaucoup plus qu’elle, et qu’à un très jeune âge, j’ai vu et vécu des atrocités que je n’aurais jamais dû voir et qu’aucune autre fillette n’aurait pu tolérer ou même comprendre, le creux qui existait déjà entre nous s’élargit de plus en plus, la communication s’anéantit et notre « relation » alla de mal en pire…!

Moi, je la comprenais facilement car la vie qu’elle s’est choisie était assez simple; une vie « cliché » quoi !
Elle, pourtant, n’arriva jamais à vraiment me connaître! Tous ces jugements qu’elle lançait, ces adjectifs qu’elle m’attribuait et ces étiquettes qu’elle me collait au front étaient tellement incongrus, mal placés et absurdes même! Et ça me faisait souvent de la peine, de sentir qu’une personne provenant d’un même « ventre » pouvait être si loin de moi; de me rendre compte, des centaines de fois, que j’avais une soeur mais qu’en réalité j’étais seule! Donc il aurait été bien plus tolérable qu’elle n’existât pas en premier lieu!!

Quand elle vint au monde, je pris la fuite et partis chez ma grande famille paternelle, où je prenais toute l’attention et l’affection dont j’avais besoin!
Quelques années plus tard, je commençais à l’ignorer! J’avais d’ailleurs assez de temps pour m’y entraîner! Je lui permettais de jouer avec moi de temps à autre ou partageais avec elle mes jeux Nintendo, et lui donnais des coups lorsqu’elle m’agaçait!!
Une fois devenue « jeune fille », c’est-à-dire après ses seize ans, nous nous bagarrions tout le temps, soit à cause des habits que je lui empruntais, des bottines qu’elle me prenait alors qu’elles étaient encore neuves, soit parce qu’elle voulait prendre ma bagnole par force, etc!
Je me rappelle un jour où j’avais fait mettre un cadenas à mon armoire! Et bien elle l’a cassé et m’a laissé une longue lettre sur la porte de l’armoire!
Ça m’a mis hors de moi !!

Ces discordes d’adolescence étaient tellement anodines que je ne puis m’empêcher de sourire maintenant, en les rassemblant et les écrivant…!
Et pourtant, elles ne furent qu’attiser le feu qui avait brûlé notre enfance dix ans plus tôt…!
Bien entendu, l’ultime coupable de ce crime fut ma mère (j’espère qu’elle me pardonnera, je sais qu’elle a toujours porté un poids trop lourd qui a fini par lui casser le dos mais… c’est la vérité!)…
Qu’elle ait ou pas compris les raisons de l’abominable mésentente entre nous-deux, il fallait qu’elle la résolve alors que nous étions encore enfants!
Par la communication, l’affection égale et surtout, un peu d’autorité, je crois que ça aurait marché entre nous!

Je me rappelle, il y a peut-être dix ans de cela, que je suis restée une année tout-entière sans parler avec ma soeur, alors que nous vivions sous le même toit et couchions dans la même chambre!!
Quel parent pourrait accepter une chose pareille, être témoin de tant de dysfonction et se taire trente ans??!!
Je ne parlais jamais de ma soeur à mon psy, comme si elle n’existait pas, ou que son existence fut la plus insignifiante des choses!
Ce silence en disait déjà trop…!

Maintenant, tout est perdu…
Maintenant, je parle pour ne rien dire…
Maintenant, elle est à jamais partie et ne reviendra plus…
Elle me manque déjà et me manquera encore plus, mais je ne pourrai pas lui parler!
Aujourd’hui, je regrette tous ces désaccords, toutes ces disputes banales, tout ce temps perdu!
Auparavant, notre séparation était volontaire! Maintenant, elle est forcée… on n’y peut rien…!
Non! Ce n’est pas de la culpabilité que je ressens! Ce sentiment, je l’ai abandonné il y a longtemps; je l’ai laissé aux âmes peu lucides…!

Je sens que j’ai mal au cœur… J’ai vraiment Mal…
Et je l’envie: j’aurais tellement voulu être à sa place, que Dieu me prenne à moi, moi qui n’ai jamais vraiment aimé la vie, le temps ou le poids des journées qui ne finissent pas…!
Il y a quelque temps j’étais triste et malheureuse; maintenant je suis triste, malheureuse, chagrinée, affligée!
Hier, j’étais seule par un choix; aujourd’hui, je le suis par coercition…!

Aujourd’hui, TOUT est noir . . .

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Commentaires

Anne
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J’ai vécu la même chose que vous
Comme je vous comprends ...