On commence à aimer la Vie quand on s’approche de la Mort!

Article : On commence à aimer la Vie quand on s’approche de la Mort!
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12 novembre 2016

On commence à aimer la Vie quand on s’approche de la Mort!

Histoire d’une jeune femme au cœur vieux…

De nature, je pleure beaucoup, je fais pipi toutes les deux heures et je transpire trop quand je danse car, étant passionnée de cette activité, c’est avec mon coeur, pas mon corps que je la fais…!
Par conséquent, je perds trop de sel et ma tension baisse!
Voilà comment était devenue ma vie durant les quelques mois derniers, et voilà comment je tentais d’expliquer l’inexplicable…!
Puis, je pensai que c’était psychique, un tour que me jouait ma tête à cause de l’antidépresseur que je prenais! Je l’ai arrêté. Toujours les mêmes symptômes!
Je me dis alors que c’était sans doute l’arrêt subit, ce que les médecins généralement aiment appeller « withdrawal syndrome » (syndrome de sevrage)!
Un mois plus tard, rien n’avait changé! Bien au contraire, ma situation avait empiré: je dormais trop (de 10 à 12 heures sur 24), j’étais tout le temps fatiguée, j’avais sommeil toute la journée! Je me forçais à me lever du lit avec la seule ambition que dans une dizaine d’heures, j’y retournerai! Comme si j’allais mourir…!

Je continuais l’activité que j’aimais le plus (par principe je crois!), mais je faisais des efforts terribles pour danser jusqu’à la fin et le lendemain, je payais le prix! Je me réveillais avec la tête lourde, tellement lourde, comme si j’avais bu un litre de vin rouge la nuit d’avant! Le vertige et l’hypotension m’aveuglaient, mon coeur battait d’un rythme qui semblait perdu, indécis, confus… Tantôt trop fort, tantôt lentement mais avec des battements qui me faisaient mal à la poitrine! Et je n’arrivais plus à bouger du lit au moins pendant une journée entière…! Je ne pouvais même plus faire du vélo, ce vélo rouge et noir que j’aimais tant car il me donnait l’impression d’être libre, de voler!
Voler sur mon vélo! Une illusion bien sûr…!

Je me sentais paralysée, coincée! Ce sentiment, je le croyais lui aussi mental, lié à ma faiblesse et mon incapacité de prendre une bonne décision, de faire un « plan de vie »!
Je me sentais plus vieille qu’une personne de 75 ans…
Cet enfer où je glissais sans le vouloir me faisait pleurer chaque jour, tous les jours, dès mon réveil (c’est-à-dire à une heure de l’après-midi!)…                                                                                                            Évidemment, personne ne ressentait mon malaise; personne ne comprenait, même les plus proches, même ma famille! Je tends d’ailleurs à penser qu’ils s’en foutaient bien!!                                                  Je suis restée deux bons mois comme ça, puis je décidai d’aller voir un médecin et faire les analyses qu’il me prescrirait. Selon moi, au moins 75% des médecins (j’essaie d’être généreuse!) sont des charlatans qui aiment étiqueter, se contredire les uns les autres et créer des problèmes uniquement pour les résoudre en jouant les Héros (dialectique Hégélienne!)…

Le choix s’avérait difficile, déjà qu’il n’était pas tellement évident d’expliquer ces symptômes bizarres à un docteur qui pense aux malades qu’il doit examiner après moi et qui n’a donc ni le temps ni la patience de bien m’écouter!                                                                              J’optai finalement pour le généraliste chez qui je partais il y a 10 ans et qui me connaissait un peu; il disait que j’étais sa « patiente préférée »! Aucune idée ce que cela voulait dire mais ça devait nécessairement signifier quelque chose! Et j’espérais que ça faciliterait ma besogne de décrire mon mal, ou plutôt mon malaise!
Étant toujours sûre que personne ne comprendra, j’ai de tout temps détesté expliquer mes souffrances…!
Aussi, la fatigue est plus venimeuse que le mal: quand on a mal, on prend des médicaments; et le diagnostic est assez facile!

Que je sois malade physiquement, mentalement, « hormonalement », ou que je souffre d’une simple déficience en vitamines, j’étais en quête de réponses, des réponses dont j’avais besoin pour pouvoir soit me résigner et accepter ma condition, soit me tenir debout et continuer ma lutte, « mein kampf »…!
Je ne pouvais plus supporter cette dégradation de mon corps et mon esprit; il fallait y mettre fin ou au moins, savoir ce que c’était et stabiliser ma chute…!                                                                                             Frêle mais résolue, je partis et fis toutes les analyses, les examens, radios, cardiogramme et echo cardiaque (Doppler) que mon cher docteur me demanda, même celui dont j’avait horreur: l’IRM!!

Résultats: rien d’anormal ou d’alarmant! Le sang, le sucre, le cholestérol, les glandes, les hormones, les vitamines et les sels minéraux étaient dans la norme!
Tout allait très bien, sauf une seule chose: mon coeur…!
Le médecin me transféra immédiatement à un « très bon » cardiologue qui, en regardant la radio, resta immobile pendant au moins trois minutes, la bouche grand ouvert!
Selon lui, j’ai un « trou noir » au milieu du coeur (au sens propre du terme!); une sorte de gangrène, un cancer du coeur peut-être??!
Allez le savoir!!
Comme le dit le fameux proverbe arabe: « plus on vit plus on voit »!
Un fou rire m’a prit quand il a dit « trou noir », mais ce n’était pas la seule mauvaise nouvelle! Il paraît que ce trou noir pourrait s’élargir avec le temps (théorie sujette à une confirmation ultérieure, lorsque je referais ma deuxième imagerie, c’est-à-dire un mois plus tard!)…

Bon maintenant, je sais tout! Je n’ai aucune envie d’entrer dans les détails « géométriques » de mon trou noir et de combien son diamètre s’élargit-il chaque mois!!
L’important, c’est que quand cette tumeur couvrira 50% de ma masse cardiaque, mon coeur s’arrêtera net! D’après le cardiologue, il me reste environ 8 mois à vivre!
D’après moi, connaissant « par coeur » mon coeur et ses faiblesses, je ne dépasserai pas les six mois, peut-être pendant ou après les vacances de Pâques si j’ai de la chance!

Ce qui m’intrigue, la raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire ce billet, ce n’est pas pour décrire ma condition ou parler publiquement de mon étrange maladie, non! Et ce n’est sûrement pas pour m’attirer un peu de sympathie ou de pitié; pas du tout alors!
C’est juste pour partager ma surprise avec le public qui me lit: moi qui n’ai jamais aimé la vie et qui l’ai toujours considérée comme mon ennemi le plus redoutable, moi qui de tout temps considérais la Mort comme mon unique souhait, mon rêve ultime, je me sens à présent plus attachée à la vie que quand j’avais hâte de sortir du ventre de ma mère après sept mois de grossesse!!
À présent, chaque jour, chaque heure, chaque minute compte! Il ne faut absolument pas perdre mon temps à dormir ou rester dans le lit!                                                                                                                          Maintenant, les Âmes très charitables qui m’entourent font tout ce que je leur demande et me donnent tout ce que je veux!
Il me semble d’ailleurs que ma famille m’aime et m’apprécie beaucoup plus!

Il me semble qu’en fin de comptes, je ne serai pas tellement malheureuse durant les quelques mois qui me restent!
Pour le moment, j’attends que le médecin m’autorise à voyager: je veux faire le tour de l’Extrême Orient! Ça fait au moins six ans que j’en ai envie mais je n’ai jamais pu le faire!
Je ne peux plus danser (je me contente de regarder les vidéos des nouvelles chorégraphies!) mais je peux toujours me baigner et me promener! M’allonger sur le sable doux devant une mer turquoise, en lisant, écrivant ou en écoutant la musique que j’aime: c’est ce dont j’ai le plus besoin!
Je ne peux plus boire mes cocktails favoris mais je peux manger! C’est bien: j’ai tellement envie de savourer tous les plats que j’aime!
Je veux regarder les films que je n’ai pas vus, lire les livres que je n’ai pas lus!
Et surtout, je veux passer des bons moments avec ma nièce que j’adore… je ne voudrais pas qu’elle m’oublie un mois après ma mort!

Étrangement, ma vie semble avoir beaucoup plus de sens à présent, comme si ma maladie était l’arc-en-ciel que j’attendais!
Étrangement, je ne me sens pas triste mais plutôt soulagée!
Étrangement, je pleure moins, je me lamente moins!
Et étrangement, je me réveille bien plus tôt!!
Tic tac tic tac: plus une seconde à perdre…

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