Réveillon : seule cette année… Seule chaque année !

Article : Réveillon : seule cette année… Seule chaque année !
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1 janvier 2021

Réveillon : seule cette année… Seule chaque année !

Je suis seule cette année ; je suis seule chaque année…

Et chaque année, je vais me coucher avant que l’horloge ne sonne minuit ! Je ne veux pas vivre cet instant et je ne veux entendre ni les feux d’artifices, ni les cris de joie artificielle, cette mascarade annuelle par laquelle les humains se distraient de l’horrible vérité : un an perdu, un autre inconnu…!

Est-ce qu’on m’a abandonnée ou est-ce moi, qui ai laissé tout et tout le monde en décidant de rester seule ? Était-ce vraiment mon choix ? Je ne sais plus… Mais onze ans seule, c’est quand même trop !

Pour l’année qui vient, je n’ai ni espoir ni désirs, ni plans ni ambitions, ni quêtes ni intentions…! Tout ce que je demande au bon Dieu, c’est de me donner un enfant, rien qu’un enfant, avant qu’il ne soit trop tard.

Année après année, le temps s’écoule d’une manière effrayante et j’ai peur, j’ai tellement peur. Je n’ai jamais eu autant peur, sauf quand, il y a 25 ans, mon père revenait ivre au beau milieu de la nuit… Mon ultime peur était quand j’entendais le bruit de sa Renault 18, puis sa clef dans la serrure. Maintenant, c’est une peur semblable qui m’envahit, esprit et corps, et je n’arrive pas à m’en débarrasser.

On est toujours seul, même si on vit au sein d’une grande famille, même si on est riche et occupé, même si on est entouré par des milliers d’hommes… On est seul pendant les moments les plus difficiles et les situations les plus délicates. Je suis bien consciente de tout ça : je m’en suis rendue compte il y a très longtemps. Mais la solitude absolue fait mal et donne froid, un froid que rien n’allègera, sauf la chaleur d’un enfant dans mes bras, son regard rassurant, son souffle captivant et le charme de son sourire innocent. Une lueur dans ma vie obscure.

Je veux bien croire que devenir mère me calmera et me donnera un peu de paix, cette paix intérieure que j’ai tout essayé pour atteindre, tout, mais toujours en vain. Je sens que ce sera ma dernière carte, je sais qu’il est temps de la jouer mais je n’y peux rien ; les chemins sont fermés, je suis paralysée !

Je pourrais tomber enceinte ce soir-même si je le voudrais, mais non, il n’en est pas question. Je refuse d’être parent célibataire, privant mon enfant de son droit le plus absolu : avoir un papa. D’ailleurs, je ne peux pas m’en occuper toute seule, ni émotionnellement, ni psychologiquement, et surtout pas financièrement. Je n’aurais pas sacrifié trois qu’en perdant, j’ai aussi perdu une partie de mon âme, si je pouvais faire ce choix. 

Alors, après plus d’une décennie dont toutes les années furent inutiles, futiles, stériles, tout ce que je demande, cette année, c’est de pouvoir sentir une vie grandir en moi et, neuf mois plus tard, donner naissance à la seule personne que j’aimerais inconditionnellement, à une créature qui, bien que fragile et toute petite, aura pourtant le pouvoir de me sauver.

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